samedi 7 novembre 2009

"Un Roman français" Frédéric Beigbeder : portrait de l'artiste en figure proustienne.

D'habitude, je n'achète pas les livres qui obtiennent un prix littéraire (sauf, éventuellement, les Prix Nobel de littérature, mais c'est l'ensemble d'une oeuvre qu'ils couronnent et non une oeuvre en particulier) : c'est commercial, médiatique et ce n'est presque jamais décerné en fonction de la véritable valeur littéraire du livre en question (je vais vous poser la question que nous avait posée notre prof de français en hypokhâgne : "Vous pouvez me citer plus de trois Goncourts dont on se souvient encore aujourd'hui pour leur valeur littéraire ?").

Mais cette fois-ci, allez savoir pourquoi, j'avais envie. Je suis donc ressortie de chez Gibert Joseph avec Trois femmes puissantes, Un Roman français et le premier tome des Mythologiques de Lévi-Strauss (mais ça, ça peut aussi plus ou moins compter pour du boulot :p). J'avais quand même un peu mauvaise conscience en faisant la queue à la caisse, comme si j'étais en train de faire quelque chose de honteux ("Rrrhahahaha !!! Espèce de mouton médiatique !!!"), surtout à cause du livre de Beigbeder : Ndiaye est un bon écrivain que j'ai déjà lu (même si je n'ai pas souvenir d'avoir adoré Rosie Carpe) et Lévi-Strauss... d'accord, c'est la honte de commencer à le lire parce qu'il est mort, mais bon, c'est quand même Lévi-Strauss et j'ai l'excuse (bidon, je le reconnais) de ne pas faire de l'ethnologie ou de la sociologie.

Histoire de Cuver ma Honte, j'ai donc commencé par l'Objet de ma Vergogne. Et je me suis rendue compte, après lecture, qu'il n'y avait pas de quoi rougir.

Je précise tout de suite deux choses : 1) je ne suis (très manifestement) pas critique littéraire et 2) je n'ai lu aucun des ouvrages antérieurs dudit Beigbeder ; j'ai entendu dire que ce livre était sans doute le meilleur qu'il ait écrit jusqu'ici, je ne peux pas le confirmer. Sur ce, je me lance.

Beigbeder, pour moi, c'était surtout le gars qui vend des bouquins en écrivant sur des sujets trash qui font vendre ; donc, a priori, plutôt suspect, parce que, lorsqu'on a besoin de mettre du cul et de la coke dans son livre pour qu'on en parle, c'est qu'il y a quelque chose d'autre qu'il faut compenser et qui, normalement, aurait dû faire sa réputation : le talent d'écrivain. Ici, il y a la Fameuse Histoire de l'arrestation en flagrant délit de sniffage de coke, ce qui fait que c'est là-dessus que les journalistes ont insisté (à ce qu'il m'a semblé) au moment de la parution du bouquin. Mais bon, comme très souvent, ce qui ressort de la presse n'est que la partie émergée de l'iceberg ; il faut manger, aussi, et on mange manifestement mieux en mettant du cul et de la coke en première page, même à propos d'un livre.

Passons donc au bouquin proprement dit, ça changera. Un Roman français se présente comme une autobiographie : Beigbeder prend l' "occasion" (j'avoue, le mot est mal choisi, vu le caractère insupportable et éprouvant de ce qu'il décrit) de sa garde-à-vue pour se mettre en scène en train de se remémorer, dans sa cellule, son enfance et l'histoire de sa famille. Le récit est à la première personne, il parle de gens qui existent ou ont existé, d'événements présentés comme vécus (et comme la détention l'a effectivement été, on n'est pas tenté de douter du reste), bref les conditions d'un récit autobiographique (le mot est d'ailleurs écrit dans l'ouvrage).

En même temps, il est sous-titré "roman" sur la couverture et sur la page de garde et il ne faut pas non plus l'oublier, bien que cela n'aille pas à l'encontre de la posture autobiographique revendiquée. Ce qui est plus ou moins romancé, c'est la situation : dans le premier chapitre, Beigbeder explique qu'il n'a aucun souvenir de son enfance, qu'il fait semblant en acquiesçant lorsqu'on lui dit "Tu te souviens ?" et qu'il écrit donc sur son passé et celui de sa famille pour essayer de se souvenir. Il le dit d'ailleurs à plusieurs reprise : l'écriture permet de se souvenir et, surtout, de ne pas oublier. C'est cette posture d'amnésique qui est fictive : elle a peut-être eu une réalité, mais, au moment de la rédaction de son livre, Beigbeder se souvenait manifestement très bien de son enfance, la composition de cette oeuvre en témoigne.

Elle s'ouvre sur un prologue relatant la mort de son arrière-grand-père pendant la première guerre mondiale, ce "preux chevalier" tué à 37 ans, dont on ne sait si c'est lui qui est qualifié de "jeune homme" ou une photo de lui prise lorsqu'il était effectivement un jeune homme (on a beau ne pas être vieux à 37 ans, on n'est quand même pas un jeune homme). Cette hésitation introduit dès le départ un des thèmes dominants de l'oeuvre : le problème de l'âge. Ce livre ("roman" n'est pas vraiment approprié, même en pirouette finale sur l'air du "oui, mais ça, je l'ai inventé, d'ailleurs c'est écrit sur la couverture !" : autobiographie, oui, mais pas sans filet) se présente en effet comme le passage assez tardif de l'adolescence à l'âge adulte, ou plutôt l'acception, enfin, du fait d'être un adulte, le séjour en garde-à-vue agissant comme déclencheur d'une brutale prise de conscience. Beigbeder le reconnaît dès le récit de la fameuse soirée qui déboucha sur l'arrestation : ce soir-là, il cherchait à "cach[er son] âge dans [sa] barbe et [son] imperméable noir" et qualifie ses sorties nocturnes de "sport des vieux qui refusent de vieillir".

C'est donc le récit d'une sorte de métamorphose qui s'annonce, métamorphose par la recherche d'une rédemption (nota bene : je me fous de savoir si Beigbeder a effectivement cessé de sniffer de la coke ou non ; ça, c'est sa vie, ça ne me regarde pas et je pense pouvoir mourir sans l'avoir jamais su ; ce qui m'intéresse, c'est ce qui se trouve dans son livre). On le voit très bien en particulier au milieu du bouquin, lors de l'entretien "philosophico-social" avec le premier policier : il tient toujours son discours libertaire "si je veux me détruire, j'en ai le droit, je ne fais de mal à personne d'autre qu'à moi", mais il n'y croit déjà plus.

Qui dit rédemption dit aussi, comme souvent, recherche de la sympathie du lecteur. C'est ce rapport que Beigbeder cherche à installer et il y parvient très bien, entre la description de ses conditions de détention (ce qui nous vaut un chapitre de dénonciation de l'insalubrité du Dépôt, passages tout en capitales à l'appui, que je qualifierai assez ironiquement de "Bienvenue dans le monde réel, mon gars ! Pendant que certains sortent la nuit et se bourrent le nez de coke, d'autres triment et dorment dans la merde !") ou encore le portrait qu'il fait de lui enfant en vilain petit canard éclipsé par un frère parfait et destiné à le rester éternellement puisque, pendant que Frédéric est en taule, Charles reçoit la Légion d'Honneur. Le lecteur est donc plongé dans un bain de sympathie très efficace (ceci dit sans jugement positif ou négatif, même si cela vire parfois au mélodramme : cf. par exemple le titre du premier chapitre "Les ailes coupées", faut quand même pas pousser), d'autant que s'instaure, à certains moments, un dialogue entre l'auteur et lui. Comme Rousseau, Beigbeder le prend à témoin et en profite pour plaider sa cause, c'est un grand classique de l'autobiographie.

Car, comme pour toute autobiographie, il s'agit aussi d'expliquer comment Frédéric est devenu Beigbeder, comment il en est venu à se retrouver dans cette immonde cellule de garde-à-vue et par là, à écrire ce livre. En vérité, ce qui se cache aussi derrière ce thème, là encore comme pour toute autobiographie d'écrivain, c'est également comment il en est venu à écrire tout court. Cette question n'est pas abordée explicitement, mais elle est tout de même bien présente et c'est là que Beigbeder commence à pécher, si je puis me permettre : ce qui se dessine en effet derrière tout cela, ce sont en effet les poncifs habituels de l'écrivain mal aimé, malheureux, vilain petit canard pendant son enfance, en particulier lorsqu'il parle de ses amours déçues pour les deux filles du garde-barrière, qui n'avaient, elles, d'yeux que pour son frère ; le chapitre s'intitule, avec beaucoup d'humour, "Le râteau originel", mais il ne se termine avec "si vous m'aviez aimé d'emblée, aurais-je écrit ?" : impossible de faire plus cliché, presque tous les τόποι y passent, hélas...

On sent de fait que Beigbeder est en quête de reconnaissance littéraire. Il y revient même si souvent qu'il faudrait se crever les yeux pour ne pas le voir. D'abord, sur la page de garde, "Frédéric Beigbeder, de l'Académie des Lettres Pyrénéenes" : j'ai déjà dit ce que je pense des académies en général et de l'Académie en particulier, donc je ne me répéterai pas ; mais ça, franchement ! Vu le personnage, ce pourrait être une plaisanterie, une sorte de pirouette pour se moquer de l'Académie, l'autre ; mais étant donné que celle dont il est question ici existe vraiment et, surtout, l'évidence de son souci de reconnaissance, il est à craindre qu'il ne soit effectivement sérieux, ce qui, à mon avis, confine autant au ridicule que "Bidule, de l'Académie Balaisàchiotte".

Si je parle de souci de reconnaissance, c'est parce qu'il y a, à mon avis, une sorte de "désir proustien" dans ce livre, au sens où Frédéric Beigbeder aimerait bien qu'on le rapproche de l'auteur de la Recherche du temps perdu. Bien sûr, il s'en défend lorsqu'il aborde le sujet ("Mmh, ne me mettez pas trop la pression, s'il vous plaît", dit-il à ce moment-là), il n'en demeure pas moins que la référence est là et qu'elle n'est pas innocente : Proust, c'est en effet le dandy mondain qui renonce aux fêtes de la haute société pour se mettre à écrire. Or force est de reconnaître que Beigbeder, par sa famille, par le milieu qu'il fréquente, par l'image qu'il a renvoyée de lui jusque-là, ressemble furieusement à ce dandy. Les allusions ne manquent pas : citation de Ronsard en exergue, dont on apprend ensuite qu'il s'agit d'un poème adressé à l'un des aïeux de l'auteur, nom du château de l'arrière-grand-père mort en 1915 apparaissant, précisément, dans la Recherche (mieux : dans Sodome et Gomorrhe), mais aussi multiples références à la littérature, à des auteurs multiples et variés (cf. en particulier l'énumération des "maîtres" de Beigbeder, tous morts jeunes), aux hauts lieux bien connus de la haute société (en particulier les chapitres sur la période à Neuilly et les promenades au Bois de Boulogne) ; bref, si l'on reprend le tout, ce portrait d'un jeune garçon issu de la bonne société, féru de littérature, découvrant le monde et ne réussissant pas à être heureux en amour n'est pas sans nous rappeler quelque chose : c'est le petit Marcel. On peut même aller plus loin et dire que la madeleine de Beigbeder, c'est sa garde-à-vue.

Le problème, c'est que Frédéric Beigbeder n'est pas Proust. Evidemment, le talent et l'oeuvre de ce dernier sont si gigantesques qu'il n'est pas très juste de comparer qui que soit avec lui, surtout près d'un siècle après : le temps passe, le monde change, le style (cette "vision du monde") des auteurs aussi, on retrouve l'inévitable marronnier du "on ne peut pas écrire comme au début du XXème siècle". Mais quand même.

Le style de Beigbeder est un mélange de références intellectuelles et mondaines, assorties d'allusion à la "culture populaire", si typiques de ce genre de milieu : passer avec une feinte désinvolture de Paul-Jean Toulet au gendarme de St Tropez, c'est tellement chic, tellement "mais oui, mon cher, moi aussi j'ai quelques goûts "populaires" et je ne m'en cache pas...!" Grand fou, va ! Ces références "insolites" ont manifestement pour but de rehausser le style dominant du texte, en créant des "aspérités", et elles sont parfois introduites avec suffisamment d'ironie et d'auto-dérision pour qu'on en sourie, voire qu'on rie franchement. Mais elles ne parviennent pas à donner de la profondeur au texte, qui reste désespérément plat et sans épaisseur : les mots sont alignés les uns derrière les autres, ils ne suivent, mais toujours en ligne droite. A propos du grand-père déshérité pour cause de mésalliance surgit une référence à la demande de divorce de Cécilia Ciganer-Albeniz (notez qu'il ne l'appelle pas Cécilia Sarkozy, ce qui la rendrait trop aisément identifiable par l'homme du commun) : quelle utilité et, surtout, quel sens ? Bien sûr, cette manière d'écrire contribue au style "oral" adopté pour établir un lien avec le lecteur, mais, si seule la communication est visée, sans intention littéraire, alors on ne sous-titre pas son livre "roman" (car c'est aussi ce qui est contenu dans ce mot).

Il faut quand même reconnaître qu'il y a un travail sur le texte. La question des "trous", par exemple, est intéressante : Frédéric Beigbeder explique, au début de son oeuvre, qu'il a des "trous" dans sa mémoire, qu'il oublie toujours tout, qu'il faut être indulgent envers les amnésiques, parce qu'ils ne le font pas exprès. Or son texte aussi est plein de "trous". Une partie est due à ces références au milieu social dont il provient et qui, non explicitées, deviennent quelque chose de flottant, d'autant plus susceptible d'être idéalisé ou, tout du moins, investi par l'imaginaire du lecteur. Je n'ai par exemple aucune idée de qui est le Garcia chez qui le grand-père maternel achetait des espadrilles roses et je m'en fous totalement : ce que je vois, c'est que ce nom dessine les contours d'un monde que son imprécision renvoie, finalement, définitivement au passé, avec tout ce que cela suppose. Le procédé est encore plus voyant lors du récit des conditions de détention : quand il écrit, à un moment, qu'il partage sa cellule avec un schizophrène, la première question qui m'est venue à l'esprit a été "mais comment sait-il que c'est un schizophrène ?", question stupide, je l'avoue, face à une oeuvre littéraire ; on ne le saura d'ailleurs jamais, mais ce genre de "trou" invite à s'impliquer soi-même dans la représentation de la cellule évoquée et contribue ainsi à dramatiser un peu plus la scène, en suivant le cadre mis en place par l'auteur. Cela aussi contribue à la sympathisation du lecteur avec l'auteur. Ces chapitres sur la prison sont visiblement ceux qui ont été le plus travaillés, comme le prouve le début de celui qui s'intitule "Bribes d'arrestation" où Beigbeder tend un bref moment à la prose poétique, à propos de sa tentative de se remémorer son passé, de manière, à mon avis, assez réussie (mais je ne suis pas une autorité en matière de prose poétique). Ces "trous" sont d'autant plus intéressant qu'ils disparaissent peu à peu au fur et à mesure que le narrateur se souvient : il est d'ailleurs assez significatif, de ce point de vue, que Beigbeder se mette, à la fin du bouquin, à expliquer entre parenthèses ces références qui restaient définitivement floues au début.

Mais en vérité, le gros point positif de cette oeuvre, c'est sa composition. C'est là qu'on parvient à une certaine profondeur et à la création d'effets de sens. L'alternance de réminiscences et de retours à la cellule est tout à fait bienvenue et on sent qu'elle n'est pas faite au hasard. Les deux fils se mêlent, s'entre-mêlent et s'enrichissent l'un l'autre en se reflétant comme des miroirs. Ce n'est ainsi sans doute pas par pure contingence si à peu près au milieu du roman apparaissent le chapitre avec le policier dont j'ai déjà parlé et celui relatant le divorce des parents : dans le premier, Beigbeder cesse d'être "un enfant dans le corps d'un adulte" ; dans le second, il devient "un adulte dans le corps d'un enfant". Il y aurait ici tout un travail d'analyse à faire sur les échos et les reflets de l'un à l'autre, qui sont très intéressants. Le dernier chapitre est ainsi un point finale particulièrement réussi.

Par contre, celui annoncé par le titre et repris à la fin de l'oeuvre, la dimension "française", est un flop complet et sent le plaqué par tentative d'enrichissement. Franchement, l'essai de s'inscrire dans une optique d' "histoire nationale" (cf. par exemple l'arrière-grand-père qualifié de "preux chevalier") tombe à l'eau : oui, la famille de Beigbeder a subi les vicissitudes de l'histoire française, mais de là à suggérer qu'elle a eu une évolution type, il ne faut pas exagérer et les éléments ne manquent pas pour voir que, précisément, cette famille n'est pas n'importe quelle famille française. Il aurait mieux valu s'abstenir et ne s'en tenir qu'aux effets de sens internes aux deux parties de la vie de l'auteur mises en miroir.

Ce livre restera-t-il dans l'histoire ? Tout seul, il y a de fortes chances que non, le style étant encore celui d'un intellectuel mondain, Frédéric ne s'est pas changé en Marcel. Mais, s'il s'agit effectivement d'un tournant dans l'oeuvre de Beigbeder, la suite promet d'être intéressante et il y a des chances pour que j'achète son prochain bouquin, sans avoir vaguement honte de le faire au moment de passer à la caisse.

3 commentaires:

Réda Berkane a dit…

Dès que j'entends saliver sur proust, j'ai juste envie de faire "Prout" et me casser...

Encore une endoctrinée par la bien pensance universitaire !

"Il est foormidaaaaaable"

Plus "niaiseux" y a pas...

Aux oubliettes les pointures comme Céline... Marcel Aymé... Giono, ou Dostoïevski, et même Victor Hugo ou Cocteau !

Bref ! Le plus naze des penseurs, Proust, avec Sartre, et le dernier en date Onfray, c'est juste des écrivains pour les gonzesses... Hors la philosophie est un sport mental d'hommes...

Je conviens qu'il n'en reste plus guère en littérature, il n'y a plus que des émasculés, et des biquettes hystériques.

Donc, rien d'étonnant que vous vous retrouviez à acheter du Beigbeder, pas la peine de se justifier en diatribes alambiquées... Vous avez été formée pour apprécier la pourriture moderne, il est normal que vous alliez au mac-drive de l'écriture.

Vous savez quoi, je ne vous en veux pas à vous, et je m'excuse pour cette réaction sans concession, et méchante, mais c'est comme ça, je vous dois bien mon honnêteté... Je ne vous connais pas, j'imagine que vous devez être sympa, mais de grâce ! La femme est la plus grande artiste, elle met au monde et élève, tandis que l'homme veut créer dans le monde, je sais que vous devez être infectée du pus progressiste, alors vaille que vaille, bonne route à vous... Quand on progresse, on peut aussi progresser vers le bas, c'est un peu l'entourloupe du Progrès qui fait passer la Chute pour un bond ! Pourtant il n'y a qu'à constater, le plus bêtement du monde, que nous n'avons ni Sophocle, ni Victor Hugo, ni Céline, ni Platon, ni Aristote, ni Nietzsche, ni Shakespeare, ni Michel Ange, ni les grands autres en équivalence pour ère libérale libertaire !... Que et exclusivement de la merde vantée !

Lina a dit…

Pour ce qui est de la "pourriture moderne", mon boulot, c'est d'étudier la littérature antique, alors vous vous mettez franchement le doigt dans l'oeil jusqu'à l'omoplate.

Je vous ferai remarquer qu'on ne parle pas de philosophie, mais de littérature : c'est différent et il me semble qu'un "penseur", qu'il soit une "gonzesse" ou un "homme", devrait être capable de s'en rendre compte. Mais, vu la violence de votre réaction, vous avez démontré à toutes les personnes qui pourraient passer par ici que vous n'en êtes pas un.

Elles pourraient également se demander pourquoi vous avez tant besoin que tout soit noir ou blanc et pourquoi, aussi, vous exprimez un tel souci d'insister sur le fait que vous n'êtes ni une "gonzesse", ni un "émasculé", ni "une biquette hystérique".

Ne serait-ce pas le signe d'un tout petit problème de baloches, que de se sentir châtré parce qu'une femme peut ne pas se cantonner à un rôle de génitrice ? Si l'une d'elle ne vous considérait que comme un distributeur à spermatozoïdes, vous seriez le premier à hurler...

Même chose pour Beigbeder : je n'ai pas dit qu'il était Céline, j'ai dit que ce "roman" était mieux que la merde en barre qu'il écrit d'habitude. Mais, manifestement, vous ressentez le fait d'essayer d'être un peu objectif avec lui comme une remise en question de vous-même...

Mais bon, tout cela, il suffit de passer deux minutes sur votre blog pour le savoir : merci d'avoir laissé le lien, c'est très instructif.

Je vous préviens que si vous revenez exhiber vos testicules ici, je serai obligée de sévir.

Alain Cocarix a dit…

Merci pour cette superbe lecture.

Rio de Jeneiro, Brésil