Bonsoir.
Aujourd'hui, je vais vous ennuyer avec des questions de définition. Après tout, c'est bien gentil de qualifier certains textes de "nouvelles", "romans", etc., encore faut-il savoir ce que l'auteur entend par là. Dans la pratique, lorsqu'on fait des études de littérature, on distingue ce genre de choses "sur le tas", i.e. en partant de l'oeuvre. Mais il est toujours bien pratique d'avoir l'avis du principal intéressé ( privilégiez toujours les écrits théoriques d'auteurs et non de critiques : les critiques, eux, quoi qu'ils disent et quelque bons qu'ils puissent être, ne savent pas ce que c'est qu'écrire ).
En l'occurrence, loin de moi l'idée ou l'espoir de révolutionner la Théorie Littéraire (sincèrement, j'ai autre chose à faire, surtout en ce moment ) ; je voudrais juste essayer d'expliquer pourquoi j'affuble certains textes de l'étiquette "récits" et d'autres de l'étiquette "nouvelles" ( pour ce qui est des romans, le format blog ne me satisfait pas ; il faudrait que j'écrive tout d'un seul jet, sans faire autre chose et, surtout, sans sauter à tel ou tel point de mon histoire, selon que j'ai plus ou moins envie de traiter telle ou telle scène ).
Mais, tout d'abord, histoire de vous tuer d'ennui avant même de passer au principal, juste un petit point sur les étiquettes. Ou, plutôt, une nuance : les étiquettes, c'est bien et c'est mal. C'est bien parce que ça permet de cadrer les choses et de jouer sur un certain nombre de codes qui constituent l'horizon d'attente du lecteur ; c'est mal parce qu'un écrivain ne se dit pas "Bon, je vais écrire un roman. C'est quoi, déjà, la définition d'un roman ? Ah oui ! 'récit en prose...' ". Evidemment, ce que je viens d'énoncer est une conception moderne ( pas la peine de hurler, j'ai quelques notions de l'histoire littéraire et je sais pertinemment qu'on n'a pas toujours pensé ainsi ). Il est donc intéressant de savoir à quelle forme un écrivain rattache ( ou non ) tel ou tel de ses textes, mais il ne faut pas pour autant perdre toute souplesse. Rappelez-vous, c'est l'oeuvre qui fait le genre et non le genre qui fait l'oeuvre. Pour savoir ce qu'est la nouvelle chez Virginia Woolf, lisez les nouvelles de Virginia Woolf et travaillez à partir d'elles, non à partir d'un modèle de nouvelle déjà tout fait dans votre tête, dont il s'agirait de déterminer si les textes de Woolf y correspondent ou non. Si vous procédez comme cela, c'est que vous n'avez rien compris.
Sur ce, je passe à mes propres questions de définitions. S'il y a un point qui ne m'a pas du tout satisfaite dans mon cursus littéraire, c'est bien la définition de la nouvelle. On vous explique que c'est plus court qu'un roman ( oui, mais à partir de quelle longueur on passe d'une longue nouvelle à un court roman ? ) et que ça consiste en un schéma tout bête de crescendo et climax, suivi d'un bref decrescendo ( ah bon ? parce qu'un roman ne fonctionne pas comme ça aussi ? ). Bon. Donc, grosso modo, on fait de la nouvelle un mini-roman. Donc on ne définit pas la nouvelle, puisqu'on ne le fait que par rapport au roman. Supprimez-le et elle n'existe plus, puisque rien ne lui est propre.
Il faut autonomiser la nouvelle.
En ce qui me concerne, le genre de schéma décrit ci-dessus n'est pas une nouvelle, mais un récit. Un récit long et complexe devient roman ; libre à qui veut et a du temps à perdre de déterminer à partir de combien de pages on passe d'un récit à un roman ( riez, riez, mais il y en a qui se posent sérieusement la question et, même, qui s'empoignent et se traitent mutuellement de tous les noms à cause de ça ! ).
Pour moi, le terme de "nouvelle" désigne autre chose. Pour moi, c'est une concentration sur un moment, à la fois une immobilisation de l'instant et un agrandissement de chaque détail, une sorte de loupe. Cette concentration induit nécessairement une tension, d'où l'idée de climax qui n'est pas totalement évacuée et, éventuellement, celle de crescendo non plus. Si vous avez besoin d'exemples, Rideau est une concentration sur le moment où Ophélie se suicide, Fil rouge sur celui où un être bat un autre être.
Les autres textes courts sont des récits quand ils n'ont pas cette qualité de concentration que possèdent les autres.
C'est aussi simple que ça. Ça valait le coup de ne pas inventer l'eau chaude, non ?
Et, pour finir d'embrouiller un peu plus les choses, j'avouerai que j'ai parfois du mal à "classer" ce que j'écris. Récit ? nouvelle ? Dans le doute, c'est souvent la première option que je privilégie, mais quand même. Ceci dit, ce serait moins drôle si tout était clair, net et précis...! :p
Aujourd'hui, je vais vous ennuyer avec des questions de définition. Après tout, c'est bien gentil de qualifier certains textes de "nouvelles", "romans", etc., encore faut-il savoir ce que l'auteur entend par là. Dans la pratique, lorsqu'on fait des études de littérature, on distingue ce genre de choses "sur le tas", i.e. en partant de l'oeuvre. Mais il est toujours bien pratique d'avoir l'avis du principal intéressé ( privilégiez toujours les écrits théoriques d'auteurs et non de critiques : les critiques, eux, quoi qu'ils disent et quelque bons qu'ils puissent être, ne savent pas ce que c'est qu'écrire ).
En l'occurrence, loin de moi l'idée ou l'espoir de révolutionner la Théorie Littéraire (sincèrement, j'ai autre chose à faire, surtout en ce moment ) ; je voudrais juste essayer d'expliquer pourquoi j'affuble certains textes de l'étiquette "récits" et d'autres de l'étiquette "nouvelles" ( pour ce qui est des romans, le format blog ne me satisfait pas ; il faudrait que j'écrive tout d'un seul jet, sans faire autre chose et, surtout, sans sauter à tel ou tel point de mon histoire, selon que j'ai plus ou moins envie de traiter telle ou telle scène ).
Mais, tout d'abord, histoire de vous tuer d'ennui avant même de passer au principal, juste un petit point sur les étiquettes. Ou, plutôt, une nuance : les étiquettes, c'est bien et c'est mal. C'est bien parce que ça permet de cadrer les choses et de jouer sur un certain nombre de codes qui constituent l'horizon d'attente du lecteur ; c'est mal parce qu'un écrivain ne se dit pas "Bon, je vais écrire un roman. C'est quoi, déjà, la définition d'un roman ? Ah oui ! 'récit en prose...' ". Evidemment, ce que je viens d'énoncer est une conception moderne ( pas la peine de hurler, j'ai quelques notions de l'histoire littéraire et je sais pertinemment qu'on n'a pas toujours pensé ainsi ). Il est donc intéressant de savoir à quelle forme un écrivain rattache ( ou non ) tel ou tel de ses textes, mais il ne faut pas pour autant perdre toute souplesse. Rappelez-vous, c'est l'oeuvre qui fait le genre et non le genre qui fait l'oeuvre. Pour savoir ce qu'est la nouvelle chez Virginia Woolf, lisez les nouvelles de Virginia Woolf et travaillez à partir d'elles, non à partir d'un modèle de nouvelle déjà tout fait dans votre tête, dont il s'agirait de déterminer si les textes de Woolf y correspondent ou non. Si vous procédez comme cela, c'est que vous n'avez rien compris.
Sur ce, je passe à mes propres questions de définitions. S'il y a un point qui ne m'a pas du tout satisfaite dans mon cursus littéraire, c'est bien la définition de la nouvelle. On vous explique que c'est plus court qu'un roman ( oui, mais à partir de quelle longueur on passe d'une longue nouvelle à un court roman ? ) et que ça consiste en un schéma tout bête de crescendo et climax, suivi d'un bref decrescendo ( ah bon ? parce qu'un roman ne fonctionne pas comme ça aussi ? ). Bon. Donc, grosso modo, on fait de la nouvelle un mini-roman. Donc on ne définit pas la nouvelle, puisqu'on ne le fait que par rapport au roman. Supprimez-le et elle n'existe plus, puisque rien ne lui est propre.
Il faut autonomiser la nouvelle.
En ce qui me concerne, le genre de schéma décrit ci-dessus n'est pas une nouvelle, mais un récit. Un récit long et complexe devient roman ; libre à qui veut et a du temps à perdre de déterminer à partir de combien de pages on passe d'un récit à un roman ( riez, riez, mais il y en a qui se posent sérieusement la question et, même, qui s'empoignent et se traitent mutuellement de tous les noms à cause de ça ! ).
Pour moi, le terme de "nouvelle" désigne autre chose. Pour moi, c'est une concentration sur un moment, à la fois une immobilisation de l'instant et un agrandissement de chaque détail, une sorte de loupe. Cette concentration induit nécessairement une tension, d'où l'idée de climax qui n'est pas totalement évacuée et, éventuellement, celle de crescendo non plus. Si vous avez besoin d'exemples, Rideau est une concentration sur le moment où Ophélie se suicide, Fil rouge sur celui où un être bat un autre être.
Les autres textes courts sont des récits quand ils n'ont pas cette qualité de concentration que possèdent les autres.
C'est aussi simple que ça. Ça valait le coup de ne pas inventer l'eau chaude, non ?
Et, pour finir d'embrouiller un peu plus les choses, j'avouerai que j'ai parfois du mal à "classer" ce que j'écris. Récit ? nouvelle ? Dans le doute, c'est souvent la première option que je privilégie, mais quand même. Ceci dit, ce serait moins drôle si tout était clair, net et précis...! :p